le long de la côte Est

Publié le 25 Novembre 2011

A Poindimié, nous nous offrons à nouveau une journée de repos, mais qui sera finalement bien sportive. Un superbe petit îlot nous fait face et nous partons l’explorer en kayak. Avec un peu d’appréhension au début car la mer est houleuse, nous nous habituons finalement à nos nouvelles montures et rejoignons l’île en une demi-heure. Comme Robinson Crusoé, nous y serons seuls la première heure, et nous amusons à en faire le tour à pied, à ramasser de nombreux coquillages avant d’aller plonger dans l’eau turquoise du lagon avec les poissons. Sur l’eau claire et tranquille de la petite plage, Nicolas s’essaiera même au kayak tout seul et n’en sera pas peu fier. Nous rentrerons dans l’après-midi sans trop tarder car le vent continue de forcir, et pédaler avec les bras au milieu des vagues est encore plus dur qu’avec les jambes !  

 

038 Ilôt Tibarama 040

 

Nous passons ensuite la soirée chez Valérie et Christophe, installé ici depuis plus de 10 ans. Valérie est une pédiatre toulousaine et nous avions travaillé ensemble. Nous nous retrouvons avec plaisir et passerons tous une excellente soirée, discutant de l’avenir de ce petit bout de France. Ces discussions avec toutes les personnes que nous rencontrons sont intéressantes, et nous apprendrons beaucoup sur ce petit pays. Même si les opinions ne sont pas toujours les même, tous aspirent à trouver une place pour chacun. Nous repasserons le lendemain matin prendre un café sous la varangue avant de repartir vers le nord et auront bien du mal à quitter cette maison si agréable.

 

045 Chez Valérie, Christophe, Sarah, Louna et Maëlle

 

Mais tout le monde nous l’avait dit,  la côte Est est magnifique. La montagne se jette littéralement dans l’eau bleue du lagon. Passé Hienghène, de très nombreuses cascades dévalent les pentes pour rejoindre la mer. La route ayant du mal à trouver sa place, longe l’eau au plus près.

Tout au long du chemin, des petites échoppes posées nous permettent de nous régaler. Quant aux manguiers, ils croulent sous les fruits et nous n’avons qu’à les ramasser en passant, pour accompagner les cocos qui sont partout.

 

Un soir, nous nous enfonçons un peu dans la vallée pour demander à poser la tente. Ici, les familles sont regroupées en tribus, la tradition y est forte. Un grand chef et un petit chef, désignés par les familles, s’occupent de la vie de la communauté. Lorsque nous arrivons, le grand chef est absent. Un jeune garçon emmène Philippe chez le petit chef. Celui-ci est un peu difficile à trouver, il faut traverser la rivière et s’enfoncer un peu dans la vallée. Pendant ce temps, les enfants démarrent une partie de foot avec  ceux du village. Enoka , le petit chef nous propose de planter la tente chez Henriette, sa belle-fille. Pendant que les enfants retournent s’amuser, nous installons les affaires et allons ensuite prendre le thé dans la maison.  Nous partagerons notre repas avec Henriette, et Enoka reviendra passer la soirée pour discuter avec Philippe, il a juste avant « fêté » un évènement avec son cousin, et a parfois du mal à trouver ses mots, mais il est ravi que nous soyons venus les voir. Ici les discussions se font d’homme à homme.

 

 055  056 avec Enoka

 

Pendant ce temps, nous parlons avec Henriette de nos vies respectives. Elle fait la cuisine pour l’école maternelle du village qui a une classe unique. Elle a eu 5 enfants, 4 filles qui vivent avec elle et un garçon qu’elle a « donné » à son frère. C’est ici fréquent, les filles « donnent » un de leur enfants à leur frère quand celui-ci n’en a pas. Du coup les liens familiaux sont parfois un peu compliqués à suivre pour nous : les frères et sœurs deviennent cousins, les parents des oncles et tantes… les filles comme leur père ne sont pas là la semaine. Dès le collège, beaucoup d’enfants sont en internat car les distances sont grandes et il n’y a pas de ramassage scolaire. Pour les hommes, le travail étant rare dans le Nord de l’île, il leur faut souvent être loin du domicile et ils ne rentrent aussi que le week end.  Le lendemain, autour du petit déjeuner que nous prenons tous ensemble, Enoka reviendra pour nous répéter à quel point c’est bien de leur rendre visite, qu’il est important de connaître la vie en tribu et que finalement « noirs » ou « blancs » nous sommes les mêmes. Il s’absentera juste avant que nous partions pour revenir avec une pierre à savon qu’il a sculpté en tête d’oiseau. C’est un cadeau qu’il tient à nous faire. Ce geste nous touchera profondément : ici, non seulement on accueille l’étranger mais on lui offre un cadeau précieux pour le remercier d’être venu !

 

Nous continuons notre route le long de la mer. Malgré sa proximité avec l’eau,  la route monte et descend beaucoup, et avec la chaleur, nous peinons. Nous nous arrêtons à Hienghène admirer les roches lindéraliques. Grands rochers noirs aux bords déchiquetés, posés sur l’eau ils prennent des formes étranges, et la « poule » porte bien son nom, avec son bec et sa crête.

 

  064 la poule de Hienghène  072

 

Heureusement le jour suivant, notre route croisera toute la journée ces magnifiques cascades qui descendent de la montagne, et nous nous baignerons dans cette eau fraîche. Arrivés dans la soirée à Pouébo, tout au nord, nous nous mettons à la recherche de la maison de Franck. Nous avons croisé Franck sur la plage de Foué à Koné. Intrigué par nos vélos, il est venu discuter avec nous et nous a proposé de venir camper sur sa plage lorsque nous passerions chez lui. Comme tant d’autres, il travaille loin de chez lui, il est capitaine de remorqueur mais emmène également des scientifiques plonger sur les récifs pour évaluer les retentissements sur le lagon de l’usine du Nord. Nous trouvons sa maison juste derrière le monument de la prise de possession française de l’île en 1853. Magali sa femme nous accueille. Il est déjà un peu tard, et elle doit repartir passer la soirée avec ses parents car il y a eu un deuil, mais elle ne veut pas nous laisser dormir dehors, elle nous ouvre sa maison, nous installe et nous laisse les clés. Encore un bel exemple d’hospitalité. Nous passerons une très bonne nuit. Et confort de la maison, il y a un four, ce qui tombe à merveille car Cédric fête ses 13  ans le lendemain. C’est donc autour d’un bon gâteau que nous prendrons le petit déjeuner. Franck n’est pas là, mais nous le recroiserons 2 jours plus tard sur la route Nord. Il s’arrêtera discuter avec nous et offrira à Cédric une superbe dent de requin, puis entendant les petits s’extasier, il leur donnera un petit sachet avec une dizaine de dents de squales. Nous regretterons juste de ne pas avoir pu passer plus de temps en compagnie de Magali,  Franck et leurs enfants.

 

082 bon anniversaire !

 

De chez Franck, nous attaquons la traversée nord de l’île. Les cols ne sont pas bien haut (363 m) pour le plus élevé, mais nous savons qu’ils sont fort difficiles et ont donné du fil à retordre à plus d’un cycliste. Certains se reconnaîtront peut être ! Par chance, nous sommes prévenus de la difficulté, et nous commençons par le col le plus dur. Le col d’Amos surplombe la mer, les récifs, et le lagon. Il n’est qu’à 3 kilomètres de la mer. Je vous laisse calculer la pente, mais nous l’avons éprouvé. Heureusement, il est tôt, nous montons lentement, et mettrons pied à terre sur les trois-quarts du chemin, poussant, tirant nos vélos, se relayant parfois à plusieurs. Nos efforts sont récompensés au sommet. Une vue superbe, côté mer et côté terre, nous apercevons même l’îlot Balabio et devinons les îles Belep au nord.

 

  088 Ca monte toujours  091

 

Les enfants sont très fiers d’avoir réussi ce premier col. Nous filons jusqu’à Ouégoa, seul village de la traversée. La descente nous récompense, car elle est longue. Il n’est que midi, mais notre route s’arrêtera là pour aujourd’hui, il reste encore plusieurs cols et il fait trop chaud pour continuer. Nous passons l’après-midi sous les manguiers au bord du fleuve Diahot, le plus long de l’île. Il n’est pas possible de s’y baigner car les berges sont envahies de jacinthes d’eau, mais nous en profiterons pour faire de la confiture mangue-coco. C’est dommage, nous ne pourrons pas vous en rapporter car nous avons tout mangé !

Le lendemain, nous continuons les cols, la route monte et descend inlassablement. A chaque fois nous croyons être sur le chemin qui monte au col, mais non, c’est une simple petite bosse, négligée par les géographes ! Léna pestera en disant qu’ils auraient quand même pu faire une route toute droite. Mais finalement, ce ne seront pas les 2 cols de Crève-Cœur au nom évocateur qui seront les plus durs. Car passés ces cols, la route continue à suivre des hauts et des bas, et surtout en arrivant sur la côte Ouest, nous retrouvons le vent qui souffle violemment vers le Nord. Les huit derniers kilomètres pour arriver à Koumac seront les plus durs, malgré le plat, il nous faut lutter en permanence contre le vent. Nous nous posons épuisés au camping du lagon. Notre boucle dans le Nord s’achève ici et nous avons prévu de reprendre le bus le lendemain pour rentrer sur Nouméa.

 

095  105 Koumac- camping du lagon

 

Ce ne sera pas facile. Arrivés à la gare routière très tôt, nous achetons nos billets sans souci. Nous avons montré nos vélos et celle qui nous les vend nous dit que cela ne pose pas de problème. Mais le chauffeur, lui, est mal luné et commence à nous crier dessus lorsque nous lui montrons les vélos. Il s’emporte, dit que c’est hors de question, mais nous tenons bon, insistons et surtout lui opposons un calme royal, lui expliquant que nous avons fait le trajet aller avec et qu’ils rentrent en soute, sans gêner les autres voyageurs. Tout en grommelant, il finira par nous laisser essayer de rentrer les vélos, ce que nous ferons facilement. Nous aidons les autres passagers à installer leurs affaires bien devant, au cas où il changerait d’avis ; mais l’heure du départ approche et nous montons nous asseoir. Un point pour nous. Le trajet sera un peu pénible, cinq heures et demi de bus, une fois de plus bondé avec simplement une pause d’un quart d’heure au milieu pour se dégourdir. Malgré la climatisation, il fait très chaud et le bus roule à une allure bien rapide. Mais nous sommes soulagés d’avoir pu le prendre.

Nous retrouvons Nouméa avec ses décorations de Noël qui nous paraissent anachroniques. Avec la mer, les baignades et la chaleur, il nous est difficile de réaliser que la fin d’année approche. Nous profiterons de ces quelques jours pour aller visiter le parc forestier Monravel qui surplombe la ville, et présente de manière fort intéressante la faune et la flore de l’île. Nous n’oublions pas non plus les baignades, et essayons au milieu de tout cela de faire un peu d’école dans la bonne humeur !!!

Nous repartons demain, à nouveau avec le Betico et les vélos, découvrir la troisième province de l’île : les Loyautés, nous ne visiterons qu’une île « Drehu » ou Lifou mais prendront le temps puisque nous y restons 10 jours. Et contraste agréable d’avec le Nord, elle est toute plate, ce qui devrait nous permettre de ne pas trop peiner sur les vélos. 

Rédigé par allonsvoirsilaterreestronde

Publié dans #OCEANIE

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M
Coucou,<br /> <br /> Désolée mais cela fait un petit moment que je ne me connecte pas sur votre site (conseils de classe et réunions parents- prof...)<br /> <br /> Je suis contente de savoir que tout va bien. Là, vous me faites vraiment envie. je suis même tentée de demander ma mutation là-bas mais Emiliano va râler si je lui dis qu'il n'y a pas de<br /> patinoire...<br /> <br /> J'imagine vous commencez à préparer un mois bien chargé avec l'anniversaire des deux demoiselles et puis Noël... Comment allez-vous faire pour transporter tous les cadeaux?...<br /> <br /> Bon je vous laisse,<br /> <br /> Un gros bisou à tous et profitez-en.<br /> <br /> Mónica
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E
Les cols à 12%, c'est bien, ca vous fera un entrainement pour la Cordillères des Andes !!<br /> <br /> Super les dents de Squales. Les gens que vous rencontrez ont l'air vraiment sympa. Finalement, ou y a t il des gens stressés, individualistes, renfermés, mécontent ...?
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A
Cela fait rêver ces plages alors qu'ici à Toulouse le froid s'installe. On vient de se rappeler que cela fait 1 an que nous nous connaissons depuis le festival Terres d'Ailleurs à toulouse. Pour<br /> info, nous faisons une projection à Villeneuve Tolosane le WE prochaine. Faites le savoir à vos amis.<br /> Bises<br /> Anne et Marcellin
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N
Merci pour ce beau récit.<br /> Noël sous le soleil, cela doit être un peu bizarre mais plutôt drôle...<br /> Bravo aux enfants pour les cols.<br /> Bises<br /> PS votre pino fait des envieux chez nous et lors de nos ballade !
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F
pouvons-nous connaître la température de l'eau lors de vos baignades ? Ici, nous avons allumé le feu dans la cheminée et nous mettons le chauffage quand on prend la douche. hihihi
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T
hummm ! je sens les alizés et salive à l'évocation des mangues, j'adore ça ! et oui dans un mois c'est Noël, déjà ! Il est bon de vous savoir tous en pleine forme et au paradis. Au plaisir de vous<br /> lire bientôt.<br /> les Thorpe-Willett.
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A
Nous suivons toujours avec délices votre périple. Très honnêtement, c'est un vrai régal.<br /> <br /> Bonne continuation et prenez soin de vous tous.<br /> <br /> Amicalement
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