Traversee du desert
Publié le 14 Janvier 2012
Difficile d’ imaginer que vous etes devant vos cheminees, emmitoufles pour sortir de chez vous, voire sous la neige pour ceux qui sont plus au Nord.
Ici c’est le plein ete, il fait chaud, chaud, chaud, car dans cette region du Nord Ouest argentin, le soleil est roi. L’Argentine compte une quarantaine de millions d’habitants sur un territoire beaucoup, beaucoup plus grand que notre petit hexagone. Cela laisse d’immenses parties desertiques ou on ne rencontre que peu de monde.
Nous venons de traverser une premiere partie de ce desert. De grandes lignes droites, de la terre dessechee, des arbres rabougris recouverts d’ epines ou plutôt des buissons car ils ne sont pas assez grands pour faire de l’ombre. Nous ne sortons pas de la route car nos pneus n’apprecient pas du tout. Les epines ici n’ont rien a voir avec celles de nos rosiers, non, elles vous transpercent les chaussures, et malgre des seances d’epilation regulieres, nos pneus en ont fait les frais: 2 crevaisons en 2 jours, mais il a fallu mettre 6 rustines sur la chambre pour la reparer.
De San Juan, nous avons quitte pour un temps la Ruta 40, preferant nous diriger un peu plus a l’est pour decouvrir la Vallee de la Lune, ou nous irons les prochains jours.
5 jours de route sous le soleil, le vent toujours de face evidemment car sinon ce ne serait pas amusant, mais il a au moins le merite de nous rendre le soleil tolerable. Il n’y a pas d’ombre pour s’arrêter, il faut juste trouver suffisament de buissons pour y accrocher un pareo. Alors difficile de se mettre au rythme argentin, car la sieste dans ces conditions n’est pas vraiment reposante. Nous ne nous arrêtons donc pas longtemps et repartons malgre la chaleur. Nous avalons les kilometres, autant que les litres d’eau même si celle ci est chaude. Ici la nature est hostile. Dans les villages, la vegetation est quasi inexistante, les habitations en terre, ou recouvertes de poussiere se confondent avec le sol. A plusieurs reprises, nous nous demanderons pourquoi un village a pris vie dans un endroit si inhospitalier. A Bermejo, ou nous arrivons en fin de matinee, nous nous arretons sur un petit carre vert ou planter la tente. Tache incongrue dans ce village couleur terre mais si agreable. Il y fera 44 degres a l’ombre cet apres midi la. Ici la vie est au rythme de la nature. Entre 13h et 18h, tout le monde est a la sieste, les rues se vident subitement en debut d’ apres midi et ne s’ animeront a nouveau que tard le soir. Difficile de s’endormir tot. L’orage eclate ce soir la, mais les rares gouttes qui tombent peinent a rafraichir l’atmosphere; le vent lui par contre soufflera avec violence toute la nuit, nous faisant craindre que la tente ne s’arrache, mais elle tient bon. Le matin nous cueille epuises.
Malgre tout, nous sommes heureux d’etre ici, malgre les conditions difíciles, cette nature hostile qui nous malmene , nous sommes libres, libres d’aller ou nous voulons avec nos velos. Prets a savourer tous ces instants offerts, de rencontres, d’autant plus savoureuses, de paysages splendides, et nous savons que plus nous remontons vers le Nord, plus la nature sera splendide.
A la sortie de Caucete, alors que nous dejeunons, un epicier nous offrira des pains chauds tout croustillants. Juste apres, nous avons une pensee pour Florence : là au milieu de nulle part, bordee par le desert, nous decouvrons une magnifique psite cyclable asphaltee, avec moults panneaux de signalisation, et aires de repos amenagees. Nous la prendrons sur 30 kilometres jsuqu'à Vallecito.
A Marayes, petit village balaye par le sable, la terre et le soleil, nous demandons au centre de sante ou poser la tente car apres, il y a encore 50 kilometres de desert avant de retrouver un village. Mario nous ouvrira les portes du dispensaire. Il nous installe une table, un ventilateur dans le centre, nous sert de l’eau fraiche, des jus de fruits et des glaces. Nous serons a l’abri ce jour la car nous dormirons dans le centre. Mario est infirmier, vit a Valle Fertil et vit trois jours par semaine dans le dispensaire, alternant avec un autre infirmier. Maguy sa femme l’accompagne pendant ces 3 journees Il a etudie le francais a l’ecole et connait quelques mots. Apres midi tranquille dans ce petit village de terre, 120 âmes y vivent dont de nombreux enfants, mails il n’ y a rien ici, a part un train de marchandises qui passe en fin d’apres midi et s’arrete tres longtemps. Mario nous dira que le conducteur s’est probablement endormi.
Nous continuons, salues, photographies par les argentins qui nous doublent, mais le trafic est peu important maintenant. Malgre cette secheresse, la vie est la, tapie dans la vegetation rabougrie ou au dessus de nos têtes. De nombreux rapaces planent en silence, il faut dire que les carcasses d’animaux sont aussi frequentes. Les chouettes aussi sont tres nombreuses, et puis surgissant d’un arbre, nous croisons regulierement des vaches ou des anes. Moins amusantes, il y a ces petites mouches tenaces qui nous assaillent des que nous ralentissons.
Apres 5 jours, nous arrivons dans une vallee un peu plus verdoyante. Un rio nous accueille pour la pause de midi, c’est le premier depuis fort longtemps qui n’est pas a sec, nous nous y jetterons, et pique niquerons a l’ombre des arbres autour, en compagnie d’argentins, venus nombreux en ce dimanche rechercher la fraicheur de l’eau. De la nous gagnerons Valle Fertil, petite ville qui jouit d’un micro climat. Les courants humides du Pacifique qui remontent la Cordillere, laissent l’eau devaler les pentes de cette bourgade, un grand rio ,bien alimente y passe et arrose la ville. En arrivant nous nous regalons de voir de l’herbe, des arbres, des fleurs dans cette petite localite et y restons quelques jours.