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/image%2F0844371%2F20140226%2Fob_3095ce_p1110755-jpg "Une année, en famille, autour de la Terre, au rythme lent du vélo")
Traversee de la Russie en Transiberien
Publié le 14 Août 2011
Ta, ta…ta, tam…ta, ta…ta, tam…
Ce bruit va rythmer nos jours et nos nuits pendant 4 jours. 96 heures au rythme lent du train, pour traverser les 2/3 de la Russie sur plus de 5600 kilometres de Moscou a Oulan Ude, non loin du lac Baikal.
4 jours installes sur nos couchettes en “platzkart”, la troisieme classe, un wagon de 52 couchettes. Le meilleur moyen pour voyager vraiment avec les russes, et pour nous, le seul ou nous avions a peu pres l’assurance de pouvoir mettre nos velos.
Fort de notre premiere experience dans le train russe, nous arrivons tot a la gare Yaroslavskiy et nous installons a cote de porteurs qui ont de grands chariots pour transporter les bagages. Nous demontons et emballons les tandems et installons le tout sur les chariots. Pendant que je montre les billets et les passeports a la “provodnista”, et que Philippe emballe les 2 autres velos, ils nous aideront a tout charger dans le wagon. L’embarquement sera du coup tres facile. Nous arrivons a caser les 2 tandems et un velo au dessus de nos tetes, et profitons de ce que nos voisins n’ont pas beaucoup de bagages pour poser le quatrieme velo au dessus des leurs.
Mardi 9 aout, 13h35, ta, ta, tam… le train s’ebranle lentement, nous finissons de tout ranger sous nos couchettes et nous installons pour dejeuner devant une bonne tasse de the.
La vie dans le train est rythmee par les nombreuses tasses de the, ainsi que les arrets en gare, une dizaine par jour. La plupart sont assez court et nous ne pouvons sortir, mais 3-4 fois par jour, les arrets sont plus long et nous en profitons pour nous degourdir les jambes pendant 15 a 30 minutes et nous ravitailler. Les "babouchkas" se precipitent des l'arrivee du train et proposent pirojkiy (petits beignets fourres a la pomme de terre), saucisska ( roules a la saucisse, ils ne valent pas ceux de Grannie mais regaleront les enfants), salade de chou, framboises, myrtilles, groseilles et meme du poisson seche dont les russe semblent raffoler.
La “ provodnitsa” s’occupe de tout un wagon pendant tout le trajet : aides d’une autre, elles verifient les billets, distribuent les draps aux nouveaux arrivants, font le ménage, remplisse le samovar et entretiennent le feu, propose quelques denrees a acheter et respondent aux questions des voyageurs. La notre est un peu “ reveche” et ne voudra pas que nous la prenions en photos, mais elle a surement un travail difficile : 96h nuit et jour a s’assurer que tout se deroule correctement. Celle du wagon d’a cote par contre est adorable, Elle vient une premiere fois inspecter les velos d’un oeil un peu severe pour s’assurer qu’ils ne risquent pas de tomber mais viendra ensuite regulierement nous voir. Katerina parle un peu allemand et nous explique qu’elle habite a Irkoustk et attend sa retraite pour dans quelques mois. Elle viendra meme chercher les enfants pour leur offrir une boite de chocolats.
Ceux ci apprecieront bien le voyage. Apres quelques heures d’observation mutuelle (!) avec d’autres petites filles qui voyagent dans le meme wagon, ils s’amuseront bien ensemble. Nous dicutons egalement avec 3 etudiantes qui viennent de … Toulouse ! Elles viendront jouer aux cartes avec les enfants qui apprecient comme toujours beaucoup de parler francais. Nikolai, un russe vient un moment s’asseoir avec nous, il a l’air curieux des velos et nous lui montrons notre trajet et des photos des velos. Il nous raconte plein de choses mais malheureusement en russe. Il n’a pas l’air gene du fait que nous ne comprenions rien mais heureusement Katerina passé par la et nous arriverons a comprendre qu’il vient de Minsk, est bielorusse et a recemment demenage a Moscou. Il souhaiterait voir des photos de France, mais nous n’en n’avons plus sur nos cartes et nous prendrons son adresse pour lui en envoyer.
Le transiberien est a la hauteur de sa reputation, et surement le meilleur moyen d’apprecier l’immensite de la Russie. Sortis de la peripherie de Moscou, nous traversons de vastes plaines cultivees et d’immenses forets : Alexandrov, Yaroslav, nous passons ensuite sur la Volga, le plus long fleuve d’Europe, 3700 km, qui se jette dans la mer Caspienne.
Danilov, Kirov, le trajet chemine ensuite dans le basin de la Volga. Le lendemain, nous commencons a nous elever dans les monts Oural, le paysage est plus en relief avec des petits villages niches dans les vallons. Nous suivons la Vyatka puis la Chepsta, et le paysage est splendide. Au kilometre 1777, nous franchissons la frontiere entre l’Europe et l’Asie, marquee par le sommet des monts Oural.
Apres un long arret a Ekaterinburg, ville ou le dernier tsar de Russie et sont familles furent executes après la revolution de 1918, tout le monde s’endort. Au petit jour, nous avons quittes l’Oural et rejoint les plaines de Siberie. Le soleil se leve sur les bouleaux qui parsement la plaine et sont encore baignes dans le brume.
Nous passerons plus de 24 h sans cette plaine infinite qui s’etend a perte de vue. Nous ne croisons que de rares villages. Il fera tres chaud ces 2 premiers jours, plus de 32 degres dans le wagon malgre la fenetre ouverte. Un orage en fin d’apres midi permettra heureusement de rafraichir l’atmosphere pour les jours suivants.
Bogotol, Achinok, nous sommes a mi-parcours entre Moscou et Pekijn par le transmongolien, Krasnoyarsk, Ilanskaya, traverse du fleuve Yenisei, le relief s’eleve a nouveau et cette region est beaucoup plus habitee.
A Novosibirsk, changement d'ambiance dans le wagon, de nombreux russes descendent et sont remplaces par des chinois, changement de visages et de sonorites.
Un chinois viendra souvent s’asseoir avec nous et taquinera Nicolas en lui parlant sans arret. Il nous montre les 4 et appelle ses compatriots en s’exclamant pour leur montrer. Nous mettrons un moment a realiser qu’a l’heure de l’enfant unique en Chine, une famille nombreuse est certainement tres etonnant pour eux, de plus Nicolas avec ses cheveux blonds a du succes. Il appreciera d’ailleurs moyennement les taquineries de ce voisin, surtout que celui ci vient s’asseaoir avec nous au moment des repas et croque allegrement ses pates de poulets don’t il a un grand sac. Il proposera gentiment de les partager avec les enfants mais n’aura pas beaucoup de succes.
Samedi matin, nous atteignons Irkoustk, ville au bord du lac Baikal ou descendent Presque tous les europeens. Nous longeons ensuite pendant 4 heure ce lac, le plus profond du monde et la plus grande reserve d’eau douce de la planete. La voie longe la berge, mais le lac est sous la grisaille. Nous nous offrons un repas au restaurant du train, siege en plastique vert, musique disco des annees 80 et jeu de lumiere comme dans une discotheque, il detonne assez avec le reste du train !
La derniere partie du trajet se fait en Bouriatie, region sud du pays a la frontiere mongole, dont Oulan Oude est la capitale. Ses habitants autrefois nomads, sont maintenant sedentarises et sont plus proches physiquement des Mongols avec leurs visages ronds et souriants.
Nous suivons le cours de la Selenga, sur une rive puis sur l’autre et c’est splendide, le soleil est revenu et nous voila a Oulan Oude au bout de notre voyage en train qui aura ravi tout le monde.
